Hécate
Hécate, l'exquise cartomancienne.
(Sur : http://lemonde-du-chaos.actifforum.com/forum.htm)
La vérité n'est très souvent qu'une seconde manière de redire un mensonge.
(Ahmadou Kourouma)
(Avatar et bannière faits à partir d'illustrations de Luis Royo)
Nom : Muré dans le tortueux labyrinthe de l'oubli.
Prénom : Hécate.
Race : Hominidée.
Age (de votre mort) : Vingt trois printemps.
Camp souhaité : Là où la lumière n'est plus qu'un désobligeant souvenir.
Caractère :
Capricieuse, impulsive jusqu'à en effleurer la sauvagerie, Hécate
s'était édifiée face au monde, ce colossal ennemi, cet incommensurable
adversaire. Elle n'hésitait cependant pas à faire preuve d'une
savoureuse aménité, extirpant ce qu'elle pouvait des êtres
déraisonnables qui l'approchaient, avant de les suriner aimablement
dans le dos. Les remords et les regrets ne comptaient pas dans ses
tourments. Certains diraient qu'elle était égoïste. En réalité, elle
n'aspirait ni au pouvoir ni à la richesse. Elle vivait bercée d'idéaux
sublimes, de liberté et d'égalité, oubliant la nécessaire face
chimérique de ce type de songes. Cet engagement outrancier la poussait
parfois jusqu'à l'hystérie, jusqu'à la si nébuleuse frontière de la
sordide folie. Mais cela lui donnait une incroyable vitalité. Hécate
était aussi une provocatrice, impudique, parfois volontairement
vulgaire, elle était virtuose dans le maniement de l'image qu'elle
renvoyait, passant de l'exquis à l'hideux avec une aisance tout à fait
déconcertante. Les cantiques de la morale et l'hymne de l'éthique
n'avaient aucune place dans son cœur : d'autres concepts les avaient
vaincus dès sa plus tendre enfance.
Physique :
Hécate était d'une lascivité et d'une sensualité hors normes. Ses
prunelles étincelantes étaient le plus souvent enflammées des plus
vives passions : désir, fureur, bonheur. Ses lèvres pulpeuses
adoptaient les moues boudeuses les plus irrésistibles du monde,
révélant une dentition régulière et lustrée lorsqu'un sourire venaient
les illuminer. Sa chevelure, d'ébène satinée, était le plus souvent
défaite, parfois retenue en un catogan. Elle prenait grand soin de son
corps dont les formes idéales en avaient déjà ensorcelé plus d'un. Sa
beauté, qui frôlait toujours l'érotisme sans jamais sombrer dans la
vulgarité, lui avait valu une réputation enflammée, et il n'était pas
rare qu'elle suscite la jalousie. D'autant plus qu'elle se vêtissait de
façon à mettre ce corps parfait en valeur, portant des robes élégantes
mais souvent fendues à outrance ou aux décolletés particulièrement
pigeonnants. Sa taille était mince, même lorsqu'elle ne portait pas de
corset, contrastant avec le galbe de ses hanches et les rondeurs de sa
poitrine rebondie.
Biographie : Une
enfance miséreuse, un passé ennuyeux, une vie minable. Une diseuse de
bonne aventure, une cartomancienne, une catin. Que conter de plus ? Les
champs terreux, l'angoisse perpétuelle de la fringale, les mauvaises
récoltes, les crimes de la froidure lorsqu'il n'y a plus de margotin à
flanquer dans l'âtre ? Les chimères des gens trop modestes, les rêves
éblouissants d'une fillette qui croyait que la beauté était une
échappatoire à la misère, puis la sinistre désillusion qui clôt
toujours ces flavescents espoirs ? Les sorgues dans les bras de
ténébreux inconnus dans le lit miteux d'une sinistre auberge de
campagnes, les doigts fins glissant sur les cartes écornées et la
bouche diaprée murmurant des mots qui se voulaient vérité ? Elle avait
consumé son existence à vendre de l'onirisme, du rêve charnel, des
mirages spirituels. Elle l'avait entretenue de valeurs vaines,
d'illusions dérisoires, secrètement gardées dans le fort de ce cœur qui
semblait taillé dans la livide froideur du marbre. Sa destinée lui
avait laissé le goût amer de l'échec.
Lorsqu'il planta le
poignard, dans la chair diaphane de sa gorge, transperçant d'un geste
brusque ce parangon de beauté, elle ne tenta pas de résister, elle
resta parfaitement immobile, le regard tourmenté, les lèvres opaques.
C'était un de ses amants, un client, un fou, un homme jaloux. Ce
n'était pas la fin dont elle avait rêvé, mais elle mettait fin au
lugubre cauchemar qu'était devenue sa vie. Elle s'affaissa sur le lit
dans lequel ils avaient, juste avant, commis de sulfureux péchés.
Elle
fut enterrée dans une fosse commune : les charniers des églises
n'étaient pas faits pour les païens, encore moins pour les catins. Peu
de monde pleura cette femme, cette enfant, qui avait plus troublé que
touché et qui, comme tout songe spectral, avait naturellement disparu.
On dit qu'on enterra ses tarots avec elle. Pourtant, les rêves d'avenir
meilleur qu'elle avait éparpillés autour d'elle de son vivant, ne
seraient pas morts avec elle, et leur nimbe hyaline oscillerait encore,
dans leur cœur de ceux qui l'avaient écoutée, buvant ses murmures comme
s'il s'agissait du savoureux nectar de la vérité.
"Dis, maman, c'est quoi la mort ?"
La
fillette était assise près du foyer, dans ses loques crasseuses, les
genoux repliés contre le ventre, les prunelles levées vers sa
génitrice. Celle-ci se pencha et prit l'enfant dans ses bras. D'une
voix douce à l'apaisante tonalité, elle murmura :
"La mort n'est rien. Lorsqu'elle viendra tu ne seras plus et tant que tu es, elle n'est pas."
Arme que vous utilisez : Celle à laquelle nul ne saurait résister : le charme. A laquelle s'ajoute l'usage poétique d'une lyre.
Les pouvoirs dont vous disposez :
Celui de l'illusion (niveau 1 : formation d'une illusion dont la
fausseté est aisément discernable) et celui du son (niveau 1 :
possibilité de jouer d'un instrument avec virtuosité et de chanter avec
tout autant de talent).
Elle est morte et n’a point vécu.
Elle faisait semblant de vivre.
De ses mains est tombé le livre
Dans lequel elle n’a rien lu.
(Alfred de Musset, Sur une Morte)