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Litanie des filles du Néant.
1 octobre 2008

Hécate

Hécate, l'exquise cartomancienne.
(Sur : http://lemonde-du-chaos.actifforum.com/forum.htm)

La vérité n'est très souvent qu'une seconde manière de redire un mensonge.
(Ahmadou Kourouma)



(Avatar et bannière faits à partir d'illustrations de Luis Royo)

Nom : Muré dans le tortueux labyrinthe de l'oubli.

Prénom : Hécate.

Race : Hominidée.

Age (de votre mort) : Vingt trois printemps.

Camp souhaité : Là où la lumière n'est plus qu'un désobligeant souvenir.

Caractère : Capricieuse, impulsive jusqu'à en effleurer la sauvagerie, Hécate s'était édifiée face au monde, ce colossal ennemi, cet incommensurable adversaire. Elle n'hésitait cependant pas à faire preuve d'une savoureuse aménité, extirpant ce qu'elle pouvait des êtres déraisonnables qui l'approchaient, avant de les suriner aimablement dans le dos. Les remords et les regrets ne comptaient pas dans ses tourments. Certains diraient qu'elle était égoïste. En réalité, elle n'aspirait ni au pouvoir ni à la richesse. Elle vivait bercée d'idéaux sublimes, de liberté et d'égalité, oubliant la nécessaire face chimérique de ce type de songes. Cet engagement outrancier la poussait parfois jusqu'à l'hystérie, jusqu'à la si nébuleuse frontière de la sordide folie. Mais cela lui donnait une incroyable vitalité. Hécate était aussi une provocatrice, impudique, parfois volontairement vulgaire, elle était virtuose dans le maniement de l'image qu'elle renvoyait, passant de l'exquis à l'hideux avec une aisance tout à fait déconcertante. Les cantiques de la morale et l'hymne de l'éthique n'avaient aucune place dans son cœur : d'autres concepts les avaient vaincus dès sa plus tendre enfance.

Physique : Hécate était d'une lascivité et d'une sensualité hors normes. Ses prunelles étincelantes étaient le plus souvent enflammées des plus vives passions : désir, fureur, bonheur. Ses lèvres pulpeuses adoptaient les moues boudeuses les plus irrésistibles du monde, révélant une dentition régulière et lustrée lorsqu'un sourire venaient les illuminer. Sa chevelure, d'ébène satinée, était le plus souvent défaite, parfois retenue en un catogan. Elle prenait grand soin de son corps dont les formes idéales en avaient déjà ensorcelé plus d'un. Sa beauté, qui frôlait toujours l'érotisme sans jamais sombrer dans la vulgarité, lui avait valu une réputation enflammée, et il n'était pas rare qu'elle suscite la jalousie. D'autant plus qu'elle se vêtissait de façon à mettre ce corps parfait en valeur, portant des robes élégantes mais souvent fendues à outrance ou aux décolletés particulièrement pigeonnants. Sa taille était mince, même lorsqu'elle ne portait pas de corset, contrastant avec le galbe de ses hanches et les rondeurs de sa poitrine rebondie.


Biographie : Une enfance miséreuse, un passé ennuyeux, une vie minable. Une diseuse de bonne aventure, une cartomancienne, une catin. Que conter de plus ? Les champs terreux, l'angoisse perpétuelle de la fringale, les mauvaises récoltes, les crimes de la froidure lorsqu'il n'y a plus de margotin à flanquer dans l'âtre ? Les chimères des gens trop modestes, les rêves éblouissants d'une fillette qui croyait que la beauté était une échappatoire à la misère, puis la sinistre désillusion qui clôt toujours ces flavescents espoirs ? Les sorgues dans les bras de ténébreux inconnus dans le lit miteux d'une sinistre auberge de campagnes, les doigts fins glissant sur les cartes écornées et la bouche diaprée murmurant des mots qui se voulaient vérité ? Elle avait consumé son existence à vendre de l'onirisme, du rêve charnel, des mirages spirituels. Elle l'avait entretenue de valeurs vaines, d'illusions dérisoires, secrètement gardées dans le fort de ce cœur qui semblait taillé dans la livide froideur du marbre. Sa destinée lui avait laissé le goût amer de l'échec.

Lorsqu'il planta le poignard, dans la chair diaphane de sa gorge, transperçant d'un geste brusque ce parangon de beauté, elle ne tenta pas de résister, elle resta parfaitement immobile, le regard tourmenté, les lèvres opaques. C'était un de ses amants, un client, un fou, un homme jaloux. Ce n'était pas la fin dont elle avait rêvé, mais elle mettait fin au lugubre cauchemar qu'était devenue sa vie. Elle s'affaissa sur le lit dans lequel ils avaient, juste avant, commis de sulfureux péchés.
Elle fut enterrée dans une fosse commune : les charniers des églises n'étaient pas faits pour les païens, encore moins pour les catins. Peu de monde pleura cette femme, cette enfant, qui avait plus troublé que touché et qui, comme tout songe spectral, avait naturellement disparu. On dit qu'on enterra ses tarots avec elle. Pourtant, les rêves d'avenir meilleur qu'elle avait éparpillés autour d'elle de son vivant, ne seraient pas morts avec elle, et leur nimbe hyaline oscillerait encore, dans leur cœur de ceux qui l'avaient écoutée, buvant ses murmures comme s'il s'agissait du savoureux nectar de la vérité.




"Dis, maman, c'est quoi la mort ?"

La fillette était assise près du foyer, dans ses loques crasseuses, les genoux repliés contre le ventre, les prunelles levées vers sa génitrice. Celle-ci se pencha et prit l'enfant dans ses bras. D'une voix douce à l'apaisante tonalité, elle murmura :

"La mort n'est rien. Lorsqu'elle viendra tu ne seras plus et tant que tu es, elle n'est pas."


Arme que vous utilisez : Celle à laquelle nul ne saurait résister : le charme. A laquelle s'ajoute l'usage poétique d'une lyre.

Les pouvoirs dont vous disposez : Celui de l'illusion (niveau 1 : formation d'une illusion dont la fausseté est aisément discernable) et celui du son (niveau 1 : possibilité de jouer d'un instrument avec virtuosité et de chanter avec tout autant de talent).


Elle est morte et n’a point vécu.
Elle faisait semblant de vivre.        
De ses mains est tombé le livre
Dans lequel elle n’a rien lu.

(Alfred de Musset, Sur une Morte)

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